Portrait d'Aimée Mikulu Engi

Je m’appelle Aimée Mikulu Engi et je suis congolaise, née à Bengi en RDC le 10 juillet 1978, d’une famille de 8 enfants ; ma mère était paysanne et mon père enseignant.
Après mon baccalauréat, j’ai été religieuse au couvent des sœurs saint Joseph de Cluny pendant cinq ans (de 1999 à 2004).
Puis, de 2004 à 2008, j’ai étudié le stylisme à l’Institut de Coupe, de Couture et de Mode à Dakar au Sénégal.
En 2009, grâce à une action humanitaire, j’ai pu faire un stage professionnel d’un semestre à l’ « United fashion designer », à Cambridge en Angleterre.
Je possédais mon atelier de couture à Dakar où je créais des vêtements et accessoires pour des défilés de mode.

En 2010, parce qu’il fallait renouveler mon passeport, je suis revenue en RDC pour obtenir mes formalités administratives. Là, j’ai été confrontée à la misère d’orphelins dont s’occupaient ma mère et mes sœurs ; j’ai senti que Dieu m’avait emmenée vers ces enfants pour que je vienne en aide aux populations en difficulté, loin du monde de la mode. J’ai décidé de ne plus retourner à mon atelier de Dakar pour m’occuper de personnes vulnérables dans mon pays natal. Je me suis rendue à Kinshasa pour fonder une structure solidaire d’insertion professionnelle par la couture. J’ai d’abord loué un petit appartement pour former à la couture des filles vulnérables, et un terrain de 2 hectares pour l’agriculture maraîchère afin d’aider à l’autonomisation des filles-mères.
Après plusieurs mois, j’ai obtenu toutes les formalités pour mon ONGD (Organisme Non Gouvernemental pour le Développement), Aimer Africa Style. Des enfants sont venus frapper à la porte et d’autres ont été emmenés par les services sociaux. Les cinq premiers s’appelaient Bibiche, Laurent, Jonathan, Basile et Dorcas.
En 2013, on a déménagé pour louer une maisonnette car de plus en plus d’enfants avaient besoin d’une structure d’accueil. Nous y vivons encore mais c’est devenu trop vétuste et trop petit pour accueillir une vingtaine d’enfants et y coudre. Elle se compose de 4 chambres, dont une que je partage avec les enfants, un bureau et une pièce principale, ça fait environ 70m2. Il n’y a pas de cuisine : on prépare les repas dans la cour à l’extérieur. Les sanitaires sont aussi dehors (les enfants font pipi au lit car ils ont peur de sortir la nuit, je dois les réveiller pour les emmener aux toilettes). Le quartier, NGaba, n’est pas sécurisé, il y a parfois des tirs de balle, en plus l’électricité y est régulièrement coupée.
Actuellement, 21 enfants et adolescents vivent à l’orphelinat (et un adolescent, Laurent, fait une formation en bâtiment à l’extérieur de Kinshasa ; AAS couvre ses frais scolaires, son internat et autres nécessités).
Cette année Falonne a pris son envol ! Âgée de 21 ans et diplômée de l’Institut de préparation professionnelle en filière informatique, je lui avais trouvé du travail au Ministère des affaires coutumières. Mon rôle est aussi de rendre ces jeunes adultes autonomes. La plus petite est « bébé Cathy », elle est arrivée à Pâques 2021 alors qu’elle n’avait que deux semaines.
Deux personnes sont employées par l’orphelinat :une ménagère-cuisinière-nounou-assistante pédagogique et un tailleur. Et trois personnes travaillent au terrain agricole et piscicole.
L’ONGD ne reçoit pas d’argent de l’État. Les seuls revenus de l’orphelinat sont la vente d’articles de ma couture (vêtements, sacs …) et, auparavant, le salaire des emplois administratifs que j’effectuais pour le gouvernement :
– de 2014 à 2015, j’ai travaillé pour le Ministère du plan afin d’aider les ONG du secteur social.
– De 2016 à 2017, pour le Ministère de l’enseignement professionnel où j’étais conseillère en charge de l’artisanat et des métiers techniques, ce qui m’avait permis de suivre une formation en développement des compétences, à Turin, en Italie.
– De 2018 à 2019, pour le Ministère des affaires coutumières où je m’occupais de l’intégration des Pygmées.
– De janvier 2020 à Juin 2021, pour l’Agence nationale des centres de développement intégré où j’étais chargée de missions logistiques et techniques.
– Depuis juin 2021, alors que tous mes revenus servaient à financer l’orphelinat et à créer des emplois, je n’ai plus de salaire…

J’en viens à ma rencontre avec les familles adoptives françaises :

En 2016, après plusieurs années de procédures, cinq enfants ont été adoptés par des couples français : Basile, Maria, Félicitée, Jonathan et Dorcas. J’ai aussi rencontré d’autres familles adoptives qui venaient à Kinshasa adopter leurs enfants dans d’autres orphelinats, dont les parents de Victoire. Des liens se sont tissés avec ces familles, c’est ainsi qu’Estelle et Cyril, Catherine et Emmanuel, Agnès et Bruno ont décidé de soutenir l’orphelinat.

En 2017, ces parents adoptifs ont fondé l’association humanitaire française Aider Aimer Africa Style (AAAS). Grâce aux dons récoltés et aux événements caritatifs en France organisés par AAAS, l’ONGD a pu réaliser deux beaux projets, l’acquisition d’un terrain agricole et piscicole en Province ainsi qu’un terrain à bâtir à Kinshasa. Notre grand projet serait d’y faire construire un forage et un vrai orphelinat avec notamment des dortoirs où chaque enfant aurait son propre lit. Je tiens aussi à y aménager un espace pour l’atelier de couture ; d’une part pour continuer d’aider à l’insertion professionnelle par la couture et d’autre part vendre les créations d’AAS sur place afin de parvenir petit à petit à l’autofinancement de l’ONGD. Dieu seul sait quand cet orphelinat sera construit. Nous avons confiance. (Pour en savoir davantage: lire “Nos projets”).
Depuis l’automne 2021, l’association a aussi mis en place un parrainage. Les enfants parrainés en sont très fiers, ils disent tous qu’ils ont les meilleur.e.s marraines et parrains ! L’association fait acheminer des colis pour les enfants (vêtements, chaussures, livres…). Désormais, tous les enfants sont scolarisés, soignés, nourris et le logement est aussi financé par l’association. Je ne sais pas ce que l’on serait devenus sans le soutien d’AAAS. Un immense merci aux bienfaiteurs. (Pour un savoir davantage: lire “Parrainage”).
MERCI.

Aimée Mikulu Engi